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Laura
ça s’est passé fin juin 2006 juste après mon bac. J’avais 17 ans et je
connaissais mon copain depuis quelques mois seulement, je ne prenais pas
encore la pilule et, un jour, on a eu envie de le faire, je ne sais pas ce
qui nous a pris, pourtant après tout ce qu’on nous dit à l’école et
chez nos parents, je ne suis même pas foutue de faire attention !! J’ai
pris la pilule du lendemain mais évidemment ça n’a pas marché, je vois
que je n’ai pas encore mes règles, le stress monte, j’ai peur tellement
peur, mes amies me rassurent en me disant que je suis si anxieuse que
c’est pour cette raison que je n’ai pas mes règles, mais cela ne me calme
pas, je fais mon premier test: il ne marche pas, je vais à la pharmacie
avec mon copain, le pharmacien l’examine, nous dit qu’il était défectueux
et nous en donne un autre, la peur, le regard des autres, je me sens sale
comme si j’étais une criminelle. Je fais le second test le lendemain
matin, il est tout de suite positif, je me rassois sur la cuvette
totalement déboussolée, puis je l’annonce à mon copain. Son premier mot
" merde " – je ne savais plus quoi faire, on en a parlé pendant
des heures et des heures et là je prends ma décision, je dois avorter,
je suis trop jeune, j’ai mes études supérieures, je suis en plein bac,
mon copain je le connais à peine, en plus il a des enfants, nous avons 7
ans de différence, c’était impossible trois enfants: 2 garçons de 3 et
6ans IMPOSSIBLE!! + un bébé IMPOSSIBLE, il ne faut pas que je le dise à
mes parents, je ne pourrais pas leur dire j’ai trop honte! Puis les rdv
tjs des rdv, je suis toute seule à affronter cet enfer, je sais que je
l’ai mérité. Les médecins ont été gentils avec moi, peut-être le
fait que je suis mineure, je ne sais pas, puis on m’annonce que j’ai des
problèmes sanguins et que je risque de faire une hémorragie lors de
l’intervention, je dois donc changer d’hôpital car ils ont peur, ils
n’ont pas le matériel pour. Etant donné que je suis mineure, je dois
l’annoncer à mes parents, c’était le pire moment de ma vie, les pleurs
les cris et les reproches, seul mon père a été là pour moi, on m’a
rabaissée, influencée mais j’ai tenu bon, c’est MA vie, je savais que c’était
la bonne solution.
A l’hôpital on m’a appelée le dimanche soir pour passer la nuit là-bas
et faire l’intervention à 8h. Un infirmier me donne des médicaments, je
ne dois ni boire ni manger ni fumer, ça tombe bien je ne fume pas et je
n’avais pas un grand appétit en ce moment, mais le lendemain on annule,
on me donne des médicaments à me mettre dans le vagin, je ne comprends
pas, je suis perdue mais j’obéis, ils me laissent toute seule pendant
toute la journée, l’intervention n’a eu lieu qu’a 16h, je n’avais rien bu
depuis la veille au soir ni mangé, pas même un biscuit, j’ai souffert
pendant des heures appuyant sur le bouton sans cesse, personne ne venait.
Les médicaments que j’ai dû me mettre dans le vagin ce matin-là faisaient
leur effet, je savais que c’était ma punition, mais j’ai résisté, je me
suis forcée à ne pas pleurer et enfin quand les infirmières ont vu que
je saignais abondamment ils m’ont emmenée tout de suite au bloc. Après
l’intervention je n’ai rien senti de douloureux, mais plutôt un grand
soulagement. C’est peut être idiot mais avant l’ivg j’avais posé la main
sur mon ventre, je lui ai demandé de me pardonner, je sais que c’est
idiot, mais j’avais besoin de me justifier, de lui faire comprendre que ma
vie avec un enfant est encore impossible. Désormais j’ai 19 ans, je suis
en fac de lettres en 2e année, j’y pense encore avec de la tristesse et
de la culpabilité, mais je m’en veux plus pour ma bêtise (le fait de ne
pas m’être protégée). Le prix à payer a été terrible et j’ai
beaucoup mûri, je sais que je dois lui faire honneur, lui montrer que je
suis une battante, je n’oublierai jamais cet enfant car il faut une mort
pour comprendre ses erreurs. Et maintenant j’avance dans la vie, je veux
tjs des enfants même si j’appréhende un peu. Les enfants de mon copain
m’aiment et je leur raconterai mon histoire quand ils seront plus grand,
pour leur montrer qu’il faut faire attention et ne pas être insouciant
comme je l’ai été.
Ne désespérez pas mais tirez une leçon de cette décision si difficile
à prendre, écoutez votre coeur.
Bastianne
L’intervention a eu lieu le 11 juin 2007 dans un hôpital public en Ardèche.
J’étais en première année de formation d’assistante de service sociale,
j’ai 22 ans et je sortais avec mon copain depuis environ 6 mois. Cette
grossesse était un accident étant donné que je n’ai jamais oublié ma
pilule mais que celle-ci n’était en réalité pas assez dosée.
Au premier hôpital où je suis allée, une visite m’a été imposée avec
une conseillère familiale. IMPOSEE alors que pour les majeures elle est
facultative. Durant cet entretien les choses étaient clairement établies:
Je devais garder cet enfant. Je n’ai pas eu en face de moi des personnes
à mon écoute mais plutôt dénuées de toute neutralité. Ensuite la
visite avec le médecin a été pire! Il m’a fait un touché vaginal avec
une violence extrême. Puis lors de l’entretien il m’a expliqué avec un
calme déconcertant qu’après l’intervention "il le prenait et le
jetait à la poubelle". Quelle délicatesse!!!!
L’hôpital où a eu lieu mon intervention a été beaucoup plus
accueillant. Toute l’équipe était attentive et aucun jugement n’a été
porté à quelque moment que ce soit. J’ai été hospitalisée un jour car
l’intervention s’est déroulée sous anesthésie générale. Le réveil et
les moments après se sont physiquement bien passés.
Je débutais mes études, je n’étais pas depuis longtemps avec mon copain
et les conditions financières dans lesquelles nous nous trouvions ne nous
permettaient pas de subvenir à mon sens à ses futurs besoins. C’était
à mes yeux et aux yeux de mon copain et de notre entourage la meilleure
solution. Mais je le sentais, j’ai vu à l’échographie qu’il y avait une
activité cardiaque, j’avais l’impression d’être déjà liée avec lui.
J’avais beaucoup d’idées préconçues avant, je pensais que ça serait
"simple" mais la réalité a été différente. Je n’ai pas pu
regarder mon ventre pendant plusieurs jours, je ne me sentais plus maîtresse
de mon corps, je ne supportais plus de me voir, qu’on me touche. Mais je
me suis ressaisie et j’ai voulu aller de l’avant. Je me suis reprise en
main et j’ai avancé. Aujourd’hui je me consacre pleinement à ma
formation car je lui dois cela. Je repense souvent à tout cela et ne
l’assume pas encore pleinement, loin de là, le temps guérira peut être
ma blessure.
Ce que je retire de tout cela c’est qu’il faut prendre cette décision en
accord avec soi-même et pas forcément avec son entourage pour pouvoir
l’assumer après. Il ne faut pas écouter les gens qui jugent cet acte car
chaque parcours est différent et que notre vie nous appartient. Malgré
tout cela il faut penser à l’avenir qu’on pourrait offrir à cet enfant,
ne pas partir avec une idée fixe et s’y cantonner quelle qu’elle soit,
sans s’interroger vraiment.
Stessie
J’ai 22 ans et je viens de subir une ivg médicamenteuse (15/10/07) par le
biais d’un centre hospitalier.
Mon fiancé et moi sommes ensemble depuis presque 2 ans. Nous partons à
l’autre bout du monde dans exactement deux semaines afin de parfaire notre
cursus universitaire. Bref, nous sommes encore étudiants, sans revenus à
part ceux de nos parents.
Partant pour l’étranger pendant deux mois, je décide d’en profiter pour
arrêter la pilule qui me donne du cholestérol, des migraines atroces et
qui m’a fait prendre 6 kilos au fil du temps. Une fois de retour, me
sentant revivre, je ne l’ai pas reprise et n’ai pas consulté de gynéco
car les rendez-vous étaient toujours durs à obtenir. Je continue à
avoir des rapports non protégés avec mon fiancé et pense faire assez
attention durant les périodes d’ovulation. Quand j’y pense, quelle idiote,
c’est archaïque comme méthode! Bref.
FIN SEPTEMBRE: je n’ai toujours pas mes règles au bout d’une semaine de
retard, je décide donc de faire un test… qui s’avérera positif. Là
c’est la panique, ma mère me voit sortir des toilettes et comprend tout
de suite. Heureusement qu’elle a été là pour moi tout au long de cette
épreuve. J’avais entendu parler de l’ivg médicamenteuse qqs jours
auparavant dans une émission tv. Je savais que j’étais dans les temps étant
donné que cette méthode est utilisée jusqu’à 7 semaines de retard.
Nous appelons l’hôpital car je n’ai pas de gynéco régulier ici. Nous
sommes lundi, on me donne un rendez-vous pour mercredi matin.
MERCREDI MATIN: Nous voilà ma mère et moi dans une salle d’attente bondée…
de femmes enceintes. Super! Pour le moral c’est dur. J’avais l’impression
d’être une criminelle. A noter la discrétion des secrétaires: "Oui
mademoiselle, avec qui aviez vous rdv?" "je ne sais pas"
"Ah mais pour quelles raisons avez-vous rdv?"… Franchement,
ils ne peuvent pas mettre une note ou autre pour éviter ce genre de
questions?
Le médecin m’appelle, il est d’une froideur… Il me pose des questions
basiques: dates des dernières règles? Est ce la 1ère grossesse? 1ère
IVG? Comment ça se fait que vous vous retrouvez dans cette situation?
Puis il me fait une écho à l’aide d’un spéculum qu’il ne manie pas très
délicatement. Il me dit de revenir lundi pour les informer de ma décision
finale. MERCI AUREVOIR. Je suis sortie défaite de cet
"entretien" qui a duré au maximum 5 minutes. Je ne sais pas ce
qu’il aurait pu faire de plus, mais je me suis sentie sale en sortant de là.
Je prends RDV pour le lundi après-midi.
LUNDI: J’attends une heure pour finalement revoir ce même médecin qui me
fait signer un papier comme quoi je suis consentante à cette ivg. Oui je
confirme mon choix, je ne peux pas avoir un enfant maintenant. Et mon fiancé
est de mon avis. Je tente de poser quelques questions sur l’effet des
cachets sur le corps et sur ce qui va être expulsé: C’est gros? Je vais
le voir, le sentir passer? J’ai pour seule réponse: "C’est comme des
règles douloureuses et abondantes". Bon d’accord…
…pour la suite du témoignage
Djou
Je me suis fait avorter il y a deux ans, soit le 23 aout 2005. Deux jours
après, je commençais au cégep, pour devenir une infirmière. J’avais déja
deux fils, de 4 et 2 ans. J’étais toujours avec le même père. J’avais
oublié une pilule contraceptive, alors nous n’avons pris aucun risque:
nous avons mis un préservatif. Malgré tout, un jour, j’ai senti que j’étais
de nouveau enceinte. Je n’ai pas eu besoin de test pour le savoir. Nous
avons beaucoup réfléchi, mais ma décision était prise dès que j’ai su
que j’étais enceinte. Je ne pouvais pas garder ce bébé. Je n’avais que
22 ans, deux fils (qui étaient planifiés).
J’ai très bien été traitée lors de ma démarche. Mais ici, au Québec,
lorsque nous sommes jeunes, nous devons rencontrer une travailleuse
sociale, histoire de ne pas prendre une mauvaise décision et pour avoir
de l’aide dès le début. Mais on n’était pas suffisamment à l’aise pour
avoir un troisième enfant, et j’avais pris la décision de retourner aux
études pour avoir une sécurité financière, et je le fesais pour mes
fils. Bref, je n’ai jamais regretté ma décision, mais lorsque je
travaille à l’hôpital et que je me retrouve dans la même pièce que
celle où je me suis déjà trouvée deux ans auparavant, je me sens
nostalgique. J’avais 11 semaines de grossesse. En dehors de mes deux
meilleures amies et de mon conjoint, personne n’est au courant de mon IVG.
-djou- Québec, Canada
Cécile
J’ai eu 20 ans il y a très peu… Je suis folle amoureuse d’un homme qui
a trente ans de plus que moi. Nous sommes "ensemble" depuis plus
de quatre ans. Il est marié…
Je n’ai jamais pris la pilule et je pensais que jamais je ne pourrais
tomber enceinte, car il faisait attention. Mais seulement c’est arrivé.
Un jour avant cela, bien avant cela.. Il m’a dit "j’ai envie d’avoir
un enfant avec toi, je t’aime". Cette phrase il me l’a répétée et
répétée. J’en avais envie de cet enfant avec lui, car nous nous aimons
énormément. Seulement notre histoire est très claire, lui ne veut pas
divorcer et moi j’aimerais me trouver qqun à moi! (J’aurais tellement aimé
que ce soit lui). Enfin bref. Je suis tombée enceinte et je ne le savais
pas. C’était lors d’un contrôle chez mon gynéco au mois d’août de
cette année. Il m’a dit que j’étais enceinte… Ça m’a fait un choc..
Dans un sens je désirais tellement cet enfant, et dans un autre il m’était
impossible de garder ce bébé.. alors moi et mon "ami" nous
avons beaucoup parlé, et on a décidé de ne pas garder cet enfant. Cela
causerait trop de problèmes. Alors je me suis fait avorter le 11 octobre
2007 c’est à dire il y a 4 jours. Les médecins ont tous été super avec
moi, vraiment gentils. Et l’homme que j’aime est venu me chercher à l’hôpital,
c’était le plus beau moment de ma journée lorsque je l’ai vu arriver
dans la chambre.. Mais maintenant je souffre beaucoup. J’aurais tellement
voulu avoir un enfant de cet homme dont je suis tellement amoureuse. Mais
il ne faut pas s’affoler, cela ne fait pas mal physiquement, mais pour moi
en tout cas, c’est très dur moralement car cet homme et moi, nous aurions
tellement avoir voulu ce bébé, mais le destin a fait que cela n’était
pas possible… La vie est injuste. Bon courage à toutes.
Géraldine
Mon IVG a eu lieu en 2006, j’avais alors 18 ans et j’allais passer ma
maturité. Ma grossesse a été le fruit d’une énorme imprudence, mon ami
et moi n’avons simplement pas pris de précaution. J’ai toujours eu une
attitude ”légère” dans le domaine, persuadée que ce genre de chose ne
pouvait pas m’arriver (un psychiatre vous dira, il s’agit d’un acte manqué
doté d’une signification).
Tétanisée mais malgré tout excitée lorsque j’ai appris mon état, j’ai
rapidement pris contact avec ma gynécologue. Celle-ci a confirmé le
diagnostique et m’a donné un délai de réflexion. Bien que jeune, l’idée
d’être mère était envisageable, ma situation n’avait rien de
catastrophique. Pendant 2 semaines (délai approximatif, je ne me souviens
pas exactement), j’ai vu et revu tous les aspects de la question.
Personne, hormis ma mère, ne m’a donné d’avis ou n’a été disponible
pour discuter. Le mot d’ordre était, ”fais comme tu le sens”. C’est, je
pense, la pire des réactions à avoir. Sans avis extérieur, aucun moyen
de se positionner. Si la décision doit venir de soi, il est primordial
d’avoir des gens autour avec qui échanger ses impressions. J’ai donc évalué
les ”pour” et les ”contre” moi-même, avec une certaine rigueur,
consciente de l’horreur que peut représenter une démarche raisonnée
dans ce genre de situations. Ma mère seule a pris le risque d’émettre un
avis. Malheureusement, sa position était sans nuance. ”Tu ne PEUX pas avorter”. Elle en
était bouleversée, ses convictions étaient touchées. A aucun moment,
elle n’a tenu compte de ce que JE pouvais ressentir. Face à l’attitude
”totalitaire” de ma mère, et grâce à un dialogue avec une
enseignante, j’ai pu prendre une décision: garder le bébé nuirait à ma
formation et à ma vie, et fondamentalement je ne souhaite pas cet enfant.
En outre, l’aspect physique me révulsait, m’imaginer grossissant
m’angoissait au plus.
Je n’ai jusque là pas parlé du "père", c’est pour une bonne raison: il a
été, au même titre que mes autres relations, incapable de me soutenir
et de discuter avec moi.
Les rendez-vous se sont suivis, j’ai été mise en contact avec une
personne formidable dans le cadre du planning familial. Elle m’a soutenue
et m’a permis d’appréhender la chose avec une certaine sérénité.
Après 10 semaines et un rendez-vous peu convaincant à l’hôpital – le papier à
signer, stipulant qu’il faut être dans une situation de détresse -, je
subis l’intervention accompagnée d’une amie. L’hôpital ne s’est à nouveau
pas illustré par sa finesse, j’ai eu droit à une remarque douteuse de la
part du médecin: il y avait déjà ”beaucoup de matériel”. Par
miracle, je n’ai ressenti aucune douleur. Je n’ai jamais eu besoin de
prendre de médicaments et me porte très bien à l’heure actuelle.
Là où les choses se sont sérieusement compliquées, c’est lorsque je
suis rentrée chez moi. Ma mère ne m’a pas adressé la parole pendant une
semaine, et du côté des autres membres de la famille – mon père et
mon frère – silence radio. J’ai donc dû, seule encore une fois, apprendre
à accepter cette intervention. Avec cette expérience j’ai découvert ce
qu’est la solitude et ce que représente la véritable prise de
responsabilité.
Je vais aborder ici le dernier aspect de cette malheureuse aventure, celui
du sentiment de culpabilité. Je ne suis pas férue de religion et ne me
laisse contraindre par aucun impératif moral. Pourtant, j’ai souvent
l’impression d’avoir empêché la potentialité d’une vie et par là
d’avoir commis un geste d’une infinie tristesse. Si, par la raison, je
n’ai aucune peine à m’assurer de la justesse de mon choix, une petite
voix me rappelle parfois qu’un nouvel être aurait pu venir par moi.
Décider d’interrompre une grossesse est un choix gigantesque,
probablement universellement douloureux, aussi doit-il être considéré
avec une extrême prudence: je ne pense pas qu’il faille être ”fière”
de pouvoir jouir de son corps une fois l’embryon conçu; par contre, il
faut être fière d’avoir la capacité, à un moment critique, de prendre
une décision responsable.
Agnès 39 ans
J’ai avorté il y a tout juste un an, il n’y a pas un seul moment où je
n’ai pas souffert de la décision que j’ai prise l’an passé… même si
intellectuellement je comprends le pourquoi de ma décision, si ma psy (je
consulte depuis) m’affirme que c’est une décision mature, responsable et
respectueuse de lui et de l’enfant, je me sens coupable de n’avoir pas été
assez forte, de ne m’être pas plus battue pour faire accepter cet enfant,
je n’arrive pas à ne pas en souffrir….
Tous le monde me dit qu’avec le temps, la douleur va s’estomper, qu’il est
normal d’avoir encore aujourd’hui un profond mal être, surtout que même
le corps garde en souvenir cette epreuve et vient me rappeler aussi que je
n’ai pas encore fait le deuil de cet enfant et maintenant de la relation
avec cet homme que je ne vois plus depuis 6 mois, sans savoir pourquoi, il
s’est détourné sans explication ni préavis, il n’a jamais su m’aider,
je pense que pour lui aussi cela a été très douloureux à vivre et que
le seul moyen a été pour lui de mettre à distance ses émotions, et de
cesser de me voir.
Ce qui est aussi très culpabilisant pour moi c’est que j’ai une fille de
7 ans d’une première union et que cela l’a beaucoup perturbée, elle a
senti en moi ce désir d’enfant, cela s’est traduit par une régression,
elle voulait être ce bébé que je n’ai pas gardé…
Aujourd’hui je veux à nouveau regarder l’avenir positivement mais j’ai
conscience que je garderai toujours une blessure importante mais que je
dois apprendre à vivre avec et à continuer à avancer.
Servane
16.07.2007 = mon IVG à eu lieu! Je me sens libérée!
Début de l’histoire.
Je ne suis plus avec mon homme depuis le mois d’avril et depuis ce jour là
je n’ai eu que 2 rapports!
1er le 5 mai= avec préservatif
2ème le 10 juin= le préservatif se casse je prends la pilule du lendemain,
mais 2 jours plus tard le pharmacien me dit que ce n’est pas sûr à 100 %!
9 juin= toujours pas mes règles! je fais un test qui se révèle POSITIF! Se bébé
je ne le veux pas !!!! Ce n’est ni le moment, ni le bon papa!
12 juin= RDV chez la gynéco! Je pensais donc être enceinte de 1 mois
environ! Résultat après l’écho vaginale 11 semaines… là je tombe
presque dans les pommes. Elle m’annonce que si je ne veux pas le garder, faut
que je cours à l’hôpital aujourd’hui!
Arrivée à l’hôpital: je suis prise en charge par une gynéco super
sympa! On discute, elle me refait une écho.
RDV pour l’IVG le lundi 16.07.2007.
16.07.2007= j’arrive à l’hôpital à 7heures on me prépare, me donne un
calmant. 9h15 direction le bloc! 10h15 salle de réveil, tout s’est super
bien passé! je n’ai pas de douleurs!
13heures sortie de l’hôpital, je me sens en pleine forme!
J’espère que mon témoignage pourra rassurer certaines filles, vous ne
commettez pas un crime, l’embryon ne sent rien, L’AVORTEMENT EST UN DROIT!
Fiorella
L'ivg a eu lieu dans le service de maternité à l'hôpital
régional.
J'étais ivre et j'ai terminé la soirée avec un homme que je fréquentais
à l'époque, rien de sérieux, il ne m'aimait pas et j'étais amoureuse. Il
savait que je ne prenais pas la pilule. Nous avons fait la grosse bêtise
de ne pas mettre de préservatif, je venais de terminer mes règles.
J'allais commencer mes études (soins infirmiers), je n'avais pas
d'argent, il ne m'aimait pas. M'a laissé tomber dès qu'il a appris la
nouvelle.
J'ai pris la décision très vite, je savais que c'était le mieux à faire,
mais avec l'impression d'être une moins que rien.
La gynécologue qui m'a reçue m'a fait la morale en me disant qu'elle
avait eu ses enfants en même temps qu'elle faisait ses études de
médecine, donc que ce n'était pas une excuse.
M'a fait regarder l'échographie en me disant que c'était dommage, m'a
montré l'embryon et dit que son coeur battait déjà.
M'a dit qu'il fallait que je me dépêche de savoir si je voulais avorter
car j'étais presqu'à la 7ème semaine, j'ai confirmé, m'a donné les
comprimés et rdv pour l'expulsion le mercredi (on était un lundi). La
méthode était la Mifégyne.
Le mercredi, j'y suis allée. On m'a pris la tension 2x, donné du Dafalgan
pour les douleurs, dit d'uriner dans un pot de chambre posé sur le wc et
si qqch de plus dur venait, d'évacuer dans une alèse.
Quand c'est venu, la gynécologue est venue regarder si c'était bien l'oeuf
et l'a laissé à côté du lavabo.
J'ai pleuré tout le long. Par la suite, j'ai perdu du sang pendant un
mois, tandis que le "père" s'était trouvé quelqu'un d'autre. Je suis
tombée en dépression, perdu quelques kilos et il a fallu aller à l'école
tout de même.
C'était il y a bientôt 4 ans. J'ai bientôt fini ma formation. Je fais
mon mémoire sur la prise en charge de l'avortement par les infirmières,
vu que celui que j'ai vécu était nul. Oui, je l'ai mal vécu, mais je
suis convaincue que la femme doit pouvoir choisir. Le fait d'ignorer
que, psychologiquement, ça peut mal se passer ne va pas améliorer la
prise en charge à l'hôpital. Et n'oublions pas que c'est le personnel
médical qui va, par son attitude, culpabiliser ou non la personne.
Noelle
J’avais 17 ans et étais lycéenne. Par insouciance, je suis tombée
enceinte. Quand je l’ai su, j’en étais à ma 9ème semaine de grossesse
et à l’étranger en vacances avec mes parents. J’ai dû attendre mon
retour en France, mi-août 1999 pour le dire à ma mère de peur de gâcher
les vacances de toute la famille. A ce moment là, j’étais à un peu plus
de 11 semaines de grossesse. A deux jours près, je ne pouvais plus me
faire avorter. Mon copain m’a quittée.
Je n’oublierai jamais ce 20 août 1999. Le jour de mon avortement. Je suis
restée enfermée chez moi pendant un an après ça. Je ne sortais plus.
Je n’ai jamais repris mes études. Je pensais ma vie gâchée. Je haïssais
les hommes.
Mais aujourd’hui, j’ai 26 ans, un petit garçon de 4 ans et demi et suis
à nouveau enceinte de 9 semaines. Je pensais que cette expérience allait
à jamais changer mon regard sur la maternité. Aujourd’hui et bien que je
n’oublie pas cette expérience, je pense surtout à mon fils et à ce bébé
qui va naître. Toutes les blessures cicatrisent un jour.
Sylvie
J’ai subi une IVG en janvier 2007, juste après le nouvel-an, au CHUV à
Lausanne. J’avais 22 ans.
Quand j’ai su que j’étais enceinte ça a été très dur. Je n’avais plus
mes règles depuis quelques semaines mais c’est seulement au bout du 3ème
test de grossesse, qu’il s’est révélé positif. J’avais oublié de
prendre la pilule une seule fois et jamais je n’aurais pensé à de telles
conséquences. Au début, mon copain et moi voulions le garder. Mais j’ai
vite compris que ce serait impossible parce que, bien que je travaillais,
mon copain n’avait aucune source de revenu et nous n’habitions pas encore
ensemble. Et puis, je ne me sentais pas prête. J’ai pu en parler à mes
amies, celles à qui je faisais confiance et elles ont compris ma décision.
Le plus dur a été de l’annoncer à ma mère. Mais chacun m’a laissée
libre de choisir, y compris mon copain qui m’a beaucoup soutenue et m’a
accompagnée à tous les rendez-vous. Sans lui, je n’aurais pas tenu le
coup. Le personnel qui m’a reçue a été très compréhensif, surtout au
planning familial. Elle m’a expliqué beaucoup de choses sur la
contraception.
Moi qui croyais déjà tout savoir, je me trompais… J’étais enceinte de
8 semaines et j’ai avorté par aspiration. Le jour de l’intervention a été
terrible. Nous étions 3 dans la chambre depuis 7 heures du matin pour la
même intervention. Les 2 filles ont été opérées à 8 heures et moi
j’ai dû attendre jusqu’à 14 heures. C’était interminable… L’intervention
s’est bien passée. Je n’ai eu aucune douleur physique après.
J’ai choisi de consulter une psychologue afin de pouvoir parler de tout ça.
Je pense que ça m’a fait beaucoup de bien, même si j’y pense encore
aujourd’hui à chaque fois que je vois une femme enceinte ou n’importe
quoi qui m’évoque ce qui s’est passé il y a quelques mois. Je
n’oublierai jamais cette expérience, et surtout, je n’oublierai jamais
plus de prendre ma pilule contraceptive…
Je ne souhaite à personne de vivre cela, mais, je sais que j’ai fait le
bon choix et que cela peut arriver à n’importe qui et pas seulement à
quelqu’un d’inconscient ou d’immature comme les gens le pensent souvent.
Lire les témoignages sur ce site m’a beaucoup aidé à prendre ma décision.
Surtout, prenez seule votre décision, écoutez vos sentiments et ne
regrettez rien.
Zaza
J’ai subi l’avortement le 16 Mai 2007 et suis encore affectée par cela.
Je suis avec mon copain depuis 5 ans et demi, nous vivons en couple, j’ai
23 ans et depuis toujours j’ai envie d’avoir des enfants… J’ai jamais
pris de contraception avec lui, j’ai subi il y a près de 3 ans une fausse
couche et depuis je n’avais jamais réussi à retomber enceinte jusqu’au
jour où… Il sait parfaitement que je ne prends pas de contraception et
lui ne met jamais de préservatif, donc nous sommes conscients tous les 2
qu’une grossesse pouvait s’envisager… Mais tout ne s’est pas passé
comme prévu. Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai eu un mauvais
pressentiment, j’ai immédiatement appelé mon copain qui lui n’était pas
content du tout et qu’il ne le désirait pas et qu’il ne changerait pas
d’avis. J’étais consternée par ses paroles blessantes. Il m’a beaucoup
mis la pression et j’ai cédé à son chantage, j’ai donc avorté… Je ne
dirais pas que je l’ai fait par amour mais je n’envisageais pas d’élever
un enfant toute seule, j’estimais que le bébé n’avait rien demandé et
qu’il voudrait avoir un père et une mère…
Le jour de l’intervention, il est venu avec moi et son
"pseudo-soutien" n’était pas à la hauteur de mes attentes dans
un cas pareil. Après l’intervention, à la salle de réveil, dès que
j’ai ouvert les yeux les larmes coulaient, je pleurais pleurais, je me
sentais vide, seule, je ne servais à plus rien. J’ai eu un grand choc
psychologique. Aujourd'hui, mes sentiments envers mon copain ont beaucoup
changé, on se dispute tous les jours, je ne le supporte plus et surtout
JE LUI EN VEUX ENORMEMENT. Je m’en veux à moi-même, je culpabilise, nous
sommes au bord de la séparation, depuis l’avortement, il ne m’en a jamais
plus reparlé alors que justement j’ai besoin d’en parler. Je lâche toute
ma colère sur lui. Je regrette, même si je ne peux plus revenir en arrière,
je sais que j’ai pris la mauvaise décision et que j’aurais dû le garder
avec ou sans mon copain. C’est très dur pour moi, j’en souffre
terriblement et je suis déçue de moi-même, je me trouve monstrueuse.
Depuis le temps que je l’attendais, j'aurais dû être plus forte aux
pressions mais j’ai été faible. J’ai peur que le bon dieu me punit et
que je ne pourrai plus avoir d’enfants… Je ne sais pas si les choses
vont s’atténuer par la suite… Je n’ai pas encore fait le deuil de tout
ça…
Cindy
J’ai 20 ans, et je suis enceinte de 6 semaines maintenant. Je n’ai
jamais envisagé de le garder parce que ma situation financière et
sociale ne me le permet pas: je suis au chômage et séparée du "père".
Je ne voulais pas croire que j’étais enceinte au départ et c’est pour ça
que j’ai attendu 3 semaines après la date prévue de mes règles. Je suis
allée au planning familial où j’ai fait un test de grossesse (positif évidemment)…
C’est pendant ce court instant où j’ai vu ce test m’annoncer ce à quoi
je ne voulais pas croire, que tout a basculé.
Le "père" a 11 ans de plus que moi, nous nous aimions, mais
j’ai dû quitter pour lui ma région, mes amis, et je n’ai pas supporté
ces changements, je suis donc revenue dans ma région d’origine. Cette
histoire me fait beaucoup souffrir car elle est encore récente, et de
savoir que je suis enceinte n’arrange rien. J’en ai discuté avec lui et
nous sommes d’accord pour ne pas le garder. Cependant, quand je lui ai
fait part de mes craintes, de mes angoisses, de mon mal-être il a pensé
que j’avais changé d’avis et décidé de le garder… Son soutien s’est
peu à peu transformé en pression même si ma décision était prise.
Il y a un facteur qui complique toute mon histoire… je me sentais seule
et délaissée, et mon ancien petit ami, avec qui j’ai fait 4 ans de ma
vie était là pour moi, je me suis donc remise avec… Il m’aide et me
soutient, il va m’accompagner dans mes démarches, mais je voudrais que le
jour de l’avortement, ce soit le "père" qui soit là pour me
soutenir… Tout cela me fait du mal. Je ne sais plus où j’en suis, j’appréhende
cet événement, la douleur, qu’elle soit physique ou morale, j’ai peur de
ne pas réussir à surmonter tout ça. Si je témoigne c’est pour que les
filles qui sont plus ou moins dans la même situation sachent qu’aussi
compliquée soit-elle, il y a toujours une solution, et que de vivre un
avortement même si c’est dur, peu être la solution la moins douloureuse.
Je veux dire par là que tous les doutes, toutes les craintes ne doivent
pas empêcher une femme de faire ce qui est mieux pour elle et pour un
enfant…
Flore
J’ai 39 ans. Il y a 10 ans, j’ai eu un cancer avec une forte chimiothérapie.
Suite à un traitement lourd de 8 mois, les médecins ont diagnostiqué et
certifié que j’étais ménopausée. Ce qui n’est pas une chose facile
quand on a 30 ans vous le comprendrez. Heureusement, j’avais déjà une
adorable petite fille de 1 an à l’époque. Cela fait 10 ans que je prends
un traitement pour pallier les soucis de la ménopause (bouffées de
chaleur, absence totale de règles et j’en passe…). En janvier 2007,
j’ai eu une absence de règles (comme cela m’était déjà arrivé les années
précédentes), je ne me suis donc pas inquiétée. Je subis encore des
contrôles par rapport à mon cancer (scanner, radio, prise de sang…).
J’en ai d’ailleurs eus en décembre 2006, ainsi que des radio en février,
mars et avril car j’ai un souci aux poumons. Loin de penser que je pouvais
être enceinte, mon médecin m’a prescrit des antibiotiques et d’autres médicaments.
Puis, une consultation normale chez ma gynécologue il y a dix jours où
cette dernière découvre que je suis enceinte de… 13 semaines! Ma vie
s’écroule : j’ai créé mon entreprise en janvier 2007, j’ai 2 autres
enfants d’un second mariage. Je perçois les assedic (de par mon statut
d’entrepreneur). Nous ne voulions surtout pas d’autre enfant : nous avons
nos vies et enfin nous pouvons profiter de notre liberté… je me vois très
mal porter un enfant et subir un accouchement… Nous ne voulons pas
retourner dans les couches, nous n’en avons pas les moyens. J’ai consulté
4 hôpitaux en France, des gynécologues, des obstétriciens, des
professeurs (tout cela en deux jours…) qui se sont tous défilés… car
j’étais à 13 semaines + 5 jours, donc que 2 jours pour prendre une décision
et trouver un hôpital français qui veuille bien pratiquer une IVG… Les
médecins en qui je croyais il y a quelques années m’ont tous laissée
tomber. Que faire ? Ils m’ont fait subir une trophoblastie pour éventuellement
découvrir une trisomie. Je dois avoir les résultats aujourd’hui. Nous ne
voulons pas garder cet enfant, j’en avais fait le deuil il y a 10 ans.
Vous comprenez, pas de risque de grossesse donc pas de contraception car
pas de crainte d’enfanter… ma vie professionnelle est en jeu. Nous
n’avons pas les moyens financiers ni psychologiques d’assumer cet
enfant… Nous envisageons sérieusement de partir à l’étranger faire
une IVG. Mais la peur nous tenaille…
Je viens d’avoir les résultats et tout est normal dans ma grossesse, pas de trisomie 21 ni autre… Mon mari et moi voulons que je fasse procéder l’avortement et nous envisageons de nous rendre en Hollande car ils procèdent à l’avortement jusqu’à 22 semaines, or j’en suis déjà à 16 semaines…
Je suis revenue hier soir de la clinique de Bloemenhove dans laquelle j’ai été très bien reçue, malgré une très longue attente. – Nous sommes prêts pour un nouveau départ. Cela étant, je suis révoltée par le fait qu’en France il est impossible d’avoir ce type d’intervention car, en Hollande, cela semble presque banalisé. Que pourrait-on faire pour que cela change en France ?
Babette
J’ai mis au monde un enfant il ya 3 ans, je me suis séparée du papa et
j’ai rencontré quelqu’un d’autre; nous ne vivions pas ensemble et je suis
tombée enceinte. La décision a été directe, cet enfant n’était pas
arrivé au bon moment, j’ai donc effectué une IVG. Il fallait que ma
situation soit stable, après ma rupture et avec mon nouveau compagnon .
J’ai pris contact avec l’hôpital le plus proche. J’ai rencontré la gynécologue
qui s’occuperait de l’intervention, nous avons commencé par une écographie,
on ne voit pas l’embryon, mais j’avais connu ce moment dans le passé et c’était
pas facile de faire cette démarche. L’éco a permis de connaître l’âge
de la grossesse. Etant enceinte de peu de temps, j’ai eu recours à l’IVG
médicamenteuse. Cela consiste à prendre un médicament, devant le gynéco,
signer une décharge et 2 jours après aller à l’hôpital pour le
deuxième médicament.
Tout c’est bien passé j’ai pris le médicament un mercredi matin et l’évacuation
c’est fait à mon travail, j’ai eu des saignements plus abondants que les
règles mais pas gênant. J’ai revu quelques jours après la gynéco pour
une visite de routine et c’était fini.
J’ai eu du mal avec mon compagnon car on y pensait, mais très vite nous
avons passé sur ce problème car nous avions bien fait.
Aujourd’hui, je suis à nouveau enceinte, 2 ans de vie commune et je vais
revivre ce moment. Il est encore tôt, mon compagnon n’est pas prêt et je
veux pas foutre tout en l’air. Je fais la démarche, il m’accompagne à
nouveau, mais cette fois c’est trop dur, je ne sais pas de combien je suis
enceinte, mais je ressens vraiment les symptômes et j'ai déjà mis au monde
un enfant.
C’est trop tôt et ça foutrait tout en l’air, pourtant on pourrait, mais
je me tais et garde cette sensation dans mon coeur.
Bénédicte
Hier, 18 Mai 2007 a eu lieu mon IVG. J’ai 20 ans et j’avais 11
semaines et 6 jours de grossesse. Je suis mariée mais séparée
depuis mars 2007, mon mariage n’a duré qu’un an. Notre relation allait très
mal, on est les deux étrangers dans ce pays et à l’arrivée ici tous les
changements on fait effet également dans notre couple. Depuis quelques
mois, j’ai commencé à sortir avec un copain de l’école et je me suis réfugiée
en lui, j’aimais le fait de me sentir aimée et importante pour quelqu’un.
Mais je ne l’aimais pas. Je suis tombée enceinte de lui. Quand j’ai su
que j’étais enceinte je pleurais et riais à la fois. J’ai toujours pensé
que donner la vie c’était la plus belle chose qu’on peut faire, mais à
la fois j’avais peur et j’avais du mal à réfléchir et à regarder la réalité
en face.
Quelques semaines plus tard on a décidé d’avoir l’enfant, mais au fond je
ne sentais que peur. Le temps passait et j’ai commencé à haïr le père
du bébé. Je ne pouvais plus le voir, même pas l’écouter ou penser à
lui, et il me cherchait et ne me laissait pas tranquille un seul instant.
J’ai commencé aussi à me sentir mal dans mon corps, à ne pas vouloir
penser à ce qui m’arrivait. Je me sentais prisonnière et tout changeait
dans ma vie. Enfin, j’avais peur parce que je savais que je n’étais pas
prête à être mère et que je voulais pouvoir choisir le père de mon
fils et le moment d’être mère. Pour aggraver les choses, je n’ai
pas de travail ni de formation, je fais l’école et c’est tout. Que
pourrais-je lui offrir à cet enfant? J’ai commencé à déprimer, rien
n’allait bien.
Un jour, je me suis décidée. Je suis allée au Planning Familial. On a
parlé, j’ai pu dire tout ce que j’avais dans le coeur et que je n’avais
jamais dit avant. Ils ont fixé le RV à l’hôpital. Dès le début, ils
m’ont traitée très bien, je me sentais soutenue et tranquille. Le jour
de l’IVG, tout c’est très bien passé, j’ai seulement senti un peu de
douleur avec des comprimés qu’ils m’ont donnés avant l’intervention pour
ouvrir le col de l’utérus, c’était une douleur comme de menstruations,
alors c’était plutôt supportable. Quand tout était fini, je n’avais
plus mal et quand je suis arrivée chez moi, je me suis sentie libre et
tranquille comme jamais. Je ne regrette rien, je sais que j’ai pris la
meilleure décision. Mais c’est une expérience que j’espère ne jamais
devoir revivre. Maintenant je ne veux que tourner la page et me donner
l’opportunité de reconstruire ma vie.
Babette
Mon IVG à eu lieu à la maternité de Genève le lundi 30 avril, à 2
mois et 1 semaine (9 semaines) de grossesse. J’ai 23 ans et actuellement
en fin de droit au chômage, je suis en stage de réinsertion. ça fait 2
ans que je suis avec mon copain, je viens de me remettre avec lui, nous
avons eu une séparation de 4 mois. Cette expérience a été et est
encore difficile pour moi. Du moment où j’ai su que j’étais enceinte et
après mon IVG j’avais l’impression que mon copain ne s’impliquait pas
dans cette épreuve avec moi. Mais après discussion avec lui il m’a dit
que JE ne l’avais pas assez impliqué, que je ne lui ai pas dit que
j’avais besoin de lui et aujourd’hui avec le recul je me rends compte
qu’il a eu raison. Pour nous les femmes, c’est tellement naturel de se
sentir concernée pour les gens qu’on aime qu’on le fait spontanément et
on attend la même chose en retour. Mais pour certains hommes il faut leur
dire ou leur faire comprendre qu’on a besoin d’eux, alors SVP n’hésitez
pas à leur faire part de ce que vous attendez d’eux, le soutien de votre
homme est un des plus importants dans cette épreuve…
Les visites chez le médecin se sont bien passées, j’ai été très bien
suivie et très bien informée. Le jour de l’intervention également, tout
le personnel a été d’une grande délicatesse. Après l’anesthésie je me
suis endormie en pleurant et je mes suis réveillée en pleurant dans la
salle de réveil. Aujourd’hui ça fait une semaine et demie que mon
intervention a eu lieu et le moral n’est pas trop au rendez-vous… J’y
repense sans arrêt, un bébé, une femme enceinte dans la rue et je reste
fixée dessus…
La décision que mon copain et moi avons prise est la plus difficile mais
la plus réaliste par rapport à notre situation actuelle.
Céline 18ans
Mon IVG a eu lieu dans une clinique à Ermont le 4 avril 2007.
Je vis chez mes parents, je n’ai pas d’économies, je suis toujours à l’école
et mon petit copain est dans la même situation. J’accepte de parler de
cette grossesse parce que je pense que ça peut arriver à tout le monde
et je voudrais pouvoir donner mon avis pour en aider une autre qui
pourrait se retrouver dans la même situation. Cette grossesse non voulu
s’est produite parce que je n’ai pas pu aller chercher ma plaquette de
pilule et mon copain et moi avions cru bien faire en se retirant avant éjaculation.
Mais cette technique est visiblement inutile et inefficace.
J’ai fait un test de grossesse parce que je m’étais rendue compte d’un
retard de règles. Il était positif, alors je suis tout de suite allée
au planning familial où ils m’ont fait une ordonnance pour faire la prise
de sang. En allant chercher les résultats j’ai appris être enceinte de
1moi, 2mois. Ensuite je suis retournée au planning où ils m’ont envoyée
faire une échographie afin de déterminer la date exacte de ma grossesse,
cela faisait 5 semaines et 5 jours. Le planning m’a ensuite remis une
liste d’hôpitaux pratiquant les IVG. J’ai vite pris RDV en ayant pour
seule devise l’IVG médicamenteuse car la méthode chirurgicale me faisait
horriblement peur. Lors de cette consultation, le médecin a refait une échographie
afin d’être sûr de la date de ma grossesse. Il m’a expliqué le déroulement
de la méthode et m’a fait faire une prise de sang pour avoir une carte de
groupe sanguin. Ensuite il m’a donné deux autres RDV.
Lors du premier RDV il m’a fait avaler 3 comprimés pour interrompre ma
grossesse, il ne s’est rien passé. Deux jours après j’ai pris 2 autres
comprimés pour expulser l’oeuf et j’ai eu des douleurs très rapidement,
j’ai même vomi sur le chemin du retour chez moi. Très vite, il m’est
sorti de gros caillots de sang, puis enfin l’oeuf est sorti, une sorte de
poche visqueuse et blanchâtre. J’ai eu très mal durant 3 bonnes heures
puis plus rien. Mais les saignements n’ont cessé qu’une dizaine de jours
après. Lors de la visite de contrôle, le médecin m’a prescrit une
pilule à prendre dans l’immédiat après avoir vérifié l’absence de
complications.
Je pense que c’est le genre d’expérience à ne vivre en aucun cas seule.
J’ai eu la chance d’avoir le soutien de mon petit copain tout le temps,
moralement et financièrement et il est ma fierté, ses amis et les miens
aussi étaient présents pour moi. J’ai plutôt bien vécu cette expérience
car je n’étais pas seule et j’ai été très bien conseillée. Mais il
est vrai que j’y pense chaque jour et cela me déstabilise un peu
sexuellement mais je pense que ça passera. Cette expérience m’a servi de
leçon car nous les jeunes on a tendance à prendre ça un peu trop à la
légère.
Mélanie
Mon avortemment a eu lieu à la fin de l’année 2003 dans un hôpital.
J’avais 18 ans. J’étais à l’époque en terminale. Je me suis retrouvée
enceinte à la suite d’un rapport non protégé avec un homme d’un soir.
Je me souviens parfaitement de cette soirée arrosée, où j’ai un peu
laissé les choses faire. J’ai très vite compris que j’étais enceinte,
j’en ai parlé à l’infirmière de mon lycée, qui m’a donné un test de
grossesse. Quand il s’est avéré que j’étais enceinte elle a aussitôt
pris contact avec le planning de ma ville.
La femme qui m’a prise en rendez-vous au planning était un peu froide,
elle avait l’air sympa, mais il y avait un ton inquisiteur quand elle a
appris que j’avais eu un rapport non protégé. Ensuite, il y a eu un
rendez-vous avec l’hôpital local, où si je me souviens je me suis rendue
la première fois pour un entretien avec une psy et une gynécologue.
Comme la grossesse était très récente, on pouvait opter pour un
avortement par voie médicamenteuse (à vrai dire je n’ai pas eu le choix,
on ne m’a rien expliqué). J’avais l’impression que l’on me prenait un peu
pour une idiote, la gynécologue semblait me faire la morale sur mon mode
de vie, et mon étourderie … Même si je n’y ai pas fait attention au début,
plus ça allait plus je me sentais coupable … et terriblement honteuse.
Ensuite, première prise de médicament qui s’est bien déroulée, pas de
saignement, pas de contractions. Puis deuxième rendez-vous, avec
hospitalisation. Je n’avais aucun justificatif pour mon lycée, ils m’ont
dit qu’ils ne pouvaient faire aucun certificat médical. Lors de la prise
de médicament tout allait bien. J’ai regretté que l’on m’accompagne
j’aurais préféré être seule, car on parlait de tout et de rien et
quand les contractions ont commencé, j’ai vraiment eu très mal … Les
saignements ont commencé, puis la nausée. D’un seul coup j’ai senti que
"ça partait", je suis allée aux toilettes, et j’ai vu ce qui
venait de sortir. J’ai vomi (à cause des nausées et du choc). J’en ai
parlé à l’infirmière, elle m’a redonné un médicament, car il n’était
pas sûr que l’autre avait bien été absorbé, pourtant je leur avais dis
que tout était parti … Ensuite, elle est revenue pour vérifier que je
saignais (super !) et nous avons pu partir…
Je me souviens, que j’avais prévu peu de protection, car je ne pensais
pas saigner autant, et l’aide soignante m’a difficilement donné des
protections plus adaptées. De plus, quand j’ai réclamé un anti douleur,
on m’a rétorqué que je pouvais en prendre un chez moi.
J’étais sous le choc, la personne qui m’accompagnait avait l’air indifférente,
aujourd’hui elle n’aborde plus ce sujet. En rentrant j’ai malgré tout eu
le sentiment d’un immense soulagement, jusqu’à la visite de contrôle.
À cette période en sport c’était natation, n’ayant pas de certificat,
le professeur m’a soupçonnée de mentir quand j’ai parlé de règles, car
ça durait depuis trop longtemps. Heureusement l’infirmière du lycée a
pu me faire un certificat médical.
Aujourd’hui j’en garde encore un souvenir cuisant, … je sais une chose,
plus jamais je ne souhaite revivre ça. Ce n’est pas le fait d’avoir avorté
qui m’ennuie, c’est la manière dont on m’a accueillie et dont on m’a
traitée. J’ai été trop humiliée, j’ai été traitée comme une moins
que rien. Etait-ce pour me dissuader de reprendre de tels risques? Je
pense que ce n’était pas nécessaire.
Aujourd’hui je comprends que je n’étais coupable de rien, du moins pas
plus que cet homme qui lui non plus ne s’est pas protégé et qui pourtant
n’en a subi aucune conséquence. Je garderai toujours en mémoire le fait
que l’on m’ait en quelque sorte reproché de ne pas utiliser de
contraceptif. Mais aujourd’hui j’ai compris que là encore personne
n’avait le droit de le faire, ça peut arriver à tout le monde, il suffit
d’une fois qui tombe au mauvais moment, c’est vraiment un mauvais concours
de circonstances.
Cette expérience m’a appris que personne n’est infaillible. J’en
retire quand même quelque chose de positif, jamais plus je n’ai eu de
rapport non protégé, et surtout j’en parle autour de moi. J’incite mes
ami(e)s à exiger le préservatif lors d’un rapport, et surtout à
responsabiliser le partenaire face à une grossesse possible.
Marianne
J’ai 38 ans, mariée, 2 enfants. Il y a une année j’ai été déclarée
en ménopause précoce avec risque de grossesse spontanée nul.
Il y a 3 semaines j’ai découvert ma grossesse surprise !
ça été un choc, je n’aurais jamais pensé me retrouver dans une telle
situation. Il fallait choisir de continuer ou non cette grossesse
involontaire. Les sentiments étaient la peur, la rage, l’angoisse, la
culpabilité, la tristesse…. il n’y avait aucune joie.
J’ai opté pour une IVG médicamenteuse dans un cabinet privé genevois.
Les contacts humains ont été très bon et le suivi aussi.
Mon sentiment après était un énorme SOULAGEMENT. Je suis heureuse
d’avoir pu choisir.
Cette expérience m’a fait réaliser à quel point notre société fait
pression sur le libre choix des femmes.
Merci et bravo pour votre engagement et votre site.
Elodie
4 mois avant de tomber enceinte – mon copain et moi on était ensemble
depuis longtemps – je voulais un bébé, lui aussi d’ailleurs. On essaya
d’avoir un enfant, ça ne marchait pas, j’ai laissé tomber et je lui ai
dis que si ça marchait on le garderait. Quelques mois après, je suis
tombée enceinte. Au début on le voulait tous les deux, mais on se voilait
la face, on n’avait pas d’argent, on a un appart mais pas d’argent. Donc
il m’a demandé d’avorter, mais moi je n’étais pas d’accord, je voulais
ce bébé… J’étais enceinte de 13 semaines quand j’ai avorté, je me
suis mise à pleurer rien que d’y penser, je voyais ce bébé à l’intérieur
de moi… j’ai dû avorter car je l’aimais, mais aujourd’hui, je ne sais
pas si j’ai fait le bon choix, je pense que oui.
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